Quand elle était petite, Soizick Martin vivait à Meknès, l’une des villes impériales du Maroc. Si vous passez par là, vous vous attarderez forcément devant Bab Mansour, la porte du « Renégat », ainsi baptisée car conçue par un Chrétien converti à l’Islam. Cette porte, majestueuse, insérée dans d’imposants remparts, jadis immortalisée par Eugène Delacroix, constituait l’entrée principale du palais construit pour le sultan Moulay Ismaïl. C’est aujourd’hui une attraction touristique. Mais ce fut, dans le regard enfantin de la future artiste, une sorte de mystère. Que pouvait-il y avoir derrière cette porte ? Sur quoi pouvait-elle ouvrir ? Qu’était-elle censée abriter ?

Obsession enfantine…
C’est ainsi : une porte pose toujours question. Parce qu’elle évoque un changement, une transition, l’avènement d’un monde nouveau dont on accepte l’augure dès lors qu’on décide de la passer.

Artiste Peintre Paris

CHERGUI : une porte ouverte sur l’été, ses parasols, ses plages, ses ombres, ses cactus

ODYSÉE : une porte ouverte sur le voyage, du Maroc à la Chine en passant par Maurice et la France

MUSES : une porte ouverte sur les arts, en hommage à des peintres et des sculpteurs

GENÈSE : une porte ouverte sur l’humain, riche de multiples portraits de famille

CHERGUI : UNE PORTE OUVERTE SUR L’ÉTÉ

« Il m’est égal de lire que les sables des plages sont chauds, je veux que mes pieds nus le sentent. » Ainsi s’exprimait l’exigence d’André Gide qui, s’il avait croisé Soizick Martin, se serait sans doute satisfait d’apprécier les choses du regard. Car la chaleur estivale suinte de ses œuvres. Le soleil en est absent mais sa lumière irradie. Le jeu des ombres témoigne de sa présence invisible au zénith. On le devine, ivre de puissance, dévorant le paysage.

Il y a, chez Soizick Martin, ce tropisme pour tout ce qui renvoie à l’été et son cortège de menus plaisirs : chaleur, langueur, lumière, plein-air, plage, sable, mer, décontraction… Ce faisant, elle s’inscrit dans la tradition des artistes qui, depuis toujours, s’inspirent de l’été pour en faire une métaphore du bien-être et du bonheur. Elle vous dira qu’il y a autant de charme à vivre ces choses-là qu’à les traduire en goûtant le plaisir indéfinissable que procure la rencontre de la peinture et du métal, selon la technique inventée par ses soins…

ODYSSÉE : UNE PORTE OUVERTE SUR LE VOYAGE

Le 11 janvier 1832, Eugène Delacroix quitte Toulon pour le Maroc. Il fait partie d’une délégation française envoyée par le roi Louis-Philippe auprès du sultan Moulay Abd Al-Rahman. Le voyage durera plus de six mois. Un semestre d’émerveillement sans cesse renouvelé : « Le pittoresque abonde ici. A chaque pas, il y a des tableaux tout faits qui feraient la fortune et la gloire de vingt générations de peintres » écrit-il dans son journal.

Rarement propos aura aussi bien vieilli et témoigné d’une réalité que Soizick Martin, amoureuse du Maroc, traduit avec jubilation. Centré sur le choix des couleurs, fait de mélanges recherchés, avec pour seule recette le ressenti, son travail résulte d’une forme d’empirisme inspiré. Il est évident qu’elle le chérit, ce Maroc ! Qu’une silhouette glisse, qu’un âne passe, qu’un regard s’attarde, qu’une fantasia se prépare à moins qu’elle ne s’achève, la scène est captée… Ne reste plus qu’à l’enrober d’un acrylique coloré.

Cette capacité à saisir la fugacité de la vie, on la mesure partout où Soizick Martin a posé ses valises. De chaque lieu, elle retient l’unicité : Shanghai et sa frénésie architecturale, Maurice et sa quiétude, Paris aussi, car l’aventure est aussi au coin de la rue pour qui sait ouvrir l’œil.
Et demain ?
Demain, mystère… Le vrai voyageur ne sait pas où il va, nous enseigne un proverbe chinois.

MUSES : UNE PORTE OUVERTE SUR LES ARTS

Depuis Platon, il est admis que les neuf filles de Zeus sont autant de médiatrices entre deux créateurs : l’universel et l’intellectuel… Il y aurait Dieu, il y aurait l’artiste, et il y aurait ces muses d’où jaillirait l’inspiration.

Ça, c’est la version mythologique de l’histoire. Dans l’univers de Soizick Martin, il y a un petit supplément ; il y a tous ces peintres, tous ces sculpteurs auxquels elle voue une tendresse particulière parce qu’elle leur sait gré de l’avoir émue et fait grandir.
À chacun son Panthéon, n’est-ce pas ? Dans celui de Soizick, Klimt côtoie Ranc, Viallat voisine avec Soulages, Poliakof se mêle à Morisot, Bazille vit avec Courbet, Buren fréquente Hopper et Dantoine Journet de Vigan…

L’éclectisme des références à conduit Soizick Martin à imaginer un hommage commun : elle part d’une œuvre, la photographie, l’agrandit, l’imprime sur la tôle puis la badigeonne avec une force étudiée. La démarche, innovante, donne à voir des œuvres originales, au propre comme au figuré. On pense alors à Paul Valéry : « La peinture permet de regarder les choses en tant qu’elles ont été une fois contemplées avec amour »

GENÈSE : UNE PORTE OUVERTE SUR L’HUMAIN

Dans la Genèse, il est dit qu’il n’est pas bon que l’Homme soit seul… Quel meilleur prétexte que celui-ci pour justifier la mise en scène d’un bonheur partagé avec ses proches ?

Jadis, pour répondre à ce besoin, on a imaginé le portrait de famille. C’était alors le privilège des grands bourgeois : ils posaient en famille devant un peintre. Au 19ième siècle, le photographe a remplacé le peintre. Et puis la pratique est tombée dans l’oubli.
Aujourd’hui, Soizick Martin en ressuscite le charme. Moins de solennité, plus de naturel ! Elle modernise le concept. Le dynamise. Le customise. Elle l’adapte à l’époque en faisant la synthèse : photo, peinture et, surtout, patte perso…

Ce travail sur commande obéit à un modus operandi : la famille (élargie aux amis, aux proches, à qui vous voudrez…) est priée de s’installer sur le canapé et d’échanger, de rire, de parler, de crier, de se balancer des coussins à la figure si elle le souhaite. Bref, de vivre ! Soizick, elle, mitraille. Cela donne de belles photos, gorgées de vie et d’énergie. À vous de choisir celle qui vous plaît. Ne restera plus qu’à l’agrandir, à l’imprimer et à laisser le pinceau de l’artiste colorer les contours du bonheur, en valoriser l’éclat, en souligner les subtilités…